1) La phase du choc ou déni

Cette phase, dominée par le sentiment d’irréalité, marque généralement le début du deuil. Sa durée est très variable selon les personnes : elle peut durer seulement 3-5 jours ou bien s’étendre sur de longs mois, voire des années.


Le premier temps du deuil : le choc

   L’état de choc débute généralement à l’annonce du décès ou du diagnostic induisant la perte de l’enfant (ce qui est par exemple le cas lorsque la mère doit avoir recours à une IMG en raison d’une maladie/malformation grave du bébé). Le choc est d’autant plus violent que l’annonce est inattendue, ce qui est très souvent le cas lors de la perte d’un enfant.L’état de choc peut se manifester de manière très différente d’une personne à une autre : grande sensation de froid, jambes en coton, souffle coupé, évanouissement, crise de larmes… Certaines personnes peuvent aussi rester sans réaction visible et sembler parfaitement détachées face au drame. En réalité, une partie de leur cerveau a enregistré mécaniquement l’annonce mais la violence de la nouvelle les a, en quelque sorte, anesthésiée, engourdis : il s’agit d’un mécanisme naturel de protection, comme nous le verrons plus bas. 


   Face à ces manifestations très diverses de chagrin, nous tenons à dire qu’elles sont toutes parfaitement normales et qu’il n’existe pas de bonne ou de mauvaise réaction : chacun(e) réagit en fonction de son vécu et de sa personnalité. Une personne qui reste sonnée, sans réaction et une autre qui fond immédiatement en larmes aiment avec autant d’intensité la personne disparue. D’ailleurs, il est assez courant que les deux parents réagissent de manière différente à l’annonce du décès : si votre conjoint(e) vous paraît beaucoup trop détaché(e) ne lui en tenez pas rigueur ! En réalité, il/elle souffre autant que vous mais ne le manifeste pas de la même façon, voilà tout. Quelle que soit la réaction, la perte d’un être aimé est un profond traumatisme psychologique. On dit qu’il y un avant et un après.


Le déni : un processus naturel de protection

   La phase du déni plonge la personne endeuillée dans une sorte « d’engourdissement ». La disparition de l’être aimé semble comme irréelle. La vie de tous les jours est elle aussi nimbée d’irréalité : le travail, les repas à prendre, le ménage, tout continue mais semble se dérouler dans un monde très lointain… La notion du temps est également perturbée durant cette phase : le temps semble s’écouler de manière extrêmement lente ou au contraire si rapidement que des heures peuvent s’écouler sans qu’on s’en aperçoive. Cette phase très étrange correspond en fait à un mécanisme de protection naturel. En effet, la réalité du décès/du diagnostic est trop dure à encaisser de front : la phase du déni permet alors à la personne endeuillée d’apprivoiser la nouvelle à son rythme.


Pourquoi et comment sortir de l’engourdissement ?

   La cérémonie d’enterrement peut faire office d’électrochoc. Confrontée d’une manière très crue à la réalité du décès, la personne endeuillée sort de sa léthargie et cesse de nier la réalité. Toutefois, c’est loin d’être toujours le cas : beaucoup de personnes restent dans la phase de déni, même après l’enterrement. Elles ont encore besoin de temps pour admettre la disparition de l’être aimé. Cela peut prendre encore quelques jours, quelques mois ou même des années. Si chacun évolue à son propre rythme, l’essentiel est d’accepter d’affronter la vérité un jour ou l’autre, aussi cruelle soit-elle. Même s’il peut sembler tentant de s’enfermer dans le déni comme dans un cocon protecteur et de repousser indéfiniment la « vraie prise de conscience » du décès et le cortège d’émotions qui va avec… Un choix, comme nous le disions, tentant mais malheureusement sans issue : pour faire son deuil et retrouver enfin un équilibre de vie, se confronter à la réalité est une étape obligée. 


   Mais comment trouver le courage de sauter le pas quand le déni s’installe à demeure ? Vaste question, car la personne en plein déni n’a pas conscience de son état… Hors pour s’en sortir, il faut tout d’abord qu’elle s’en rende compte ! L’entourage peut alors avoir un rôle important, en essayant de la faire sortir de sa léthargie en douceur. L’inciter à rejoindre un groupe de parole, notamment, peut aussi être d’un grand secours : pour expliquer son histoire, la personne endeuillée devra mettre des mots sur ses sentiments et sur ce qu’elle traverse actuellement. Un bon moyen de la pousser à faire face à la vérité sans la brusquer.